La saison des festivals ne fait que commencer, et pourtant, des dizaines de plaintes ont déjà été introduites auprès du SPF Economie pour des cas de fraude à la revente de tickets.
L’année dernière, les services avaient traité 141 signalements pour un préjudice total de 13.141,76 euros. Depuis le début de cette année 2023, on est déjà à 82 signalements pour une valeur de 8334,51 euros. Autant dire qu’il y en aura encore plus d’ici la fin de l’année et qu’il vaut mieux rappeler quelques principes de précaution.
Manigances et Maraudages
Nos oiseaux de nuit à la cellule détection de notre cher SPF Economie sont tombés sur un nid bien douillet de magouilles, un véritable serpent de mer qui nous mord toujours au moment où on s’y attend le moins. Les filoux en costume-cravate et tongue ont trouvé de nouvelles façons inspirées de plumer les pauvres pigeons que nous sommes :
- La première combine, bien rodée, c’est la petite annonce perfide. Ils déposent sur vos sites de seconde main préférés ou même sur les réseaux sociaux, des annonces frauduleuses qui vous font miroiter un jardin d’Eden.
- D’autre part, la technique du pêcheur. Ils attrapent au vol, dans le flux incessant de nos conversations et hurlements numériques, nos petites bouteilles à la mer. Notre soif d’entrées pour ce spectacle tant attendu, postée sous forme de message public, se transforme en amorce pour ces prédateurs.
- Enfin, c’est l’appât du site de revente. Plus sournois et malins que jamais, ils mettent en place de faux sites de revente des billets. Des copies quasi-parfaites des originaux, qui ne servent en réalité qu’à mener leurs candides victimes directement dans leurs filets.
Mais ce n’est pas tout, mes amis ! Ces charlatans sont prêts à pousser le bouchon très loin pour tromper leurs victimes. Etienne Mignolet, la voix du peuple au sein du SPF Economie, nous en fait part avec ces mots emprunts de colère resserrée : « Ils vont jusqu’à envoyer une photo du billet ou de sa copie, une photo d’une carte d’identité pour donner un semblant de crédibilité et pouvoir mener à bien leur sombre dessein« .
Et le final de l’histoire est toujours d’une lugubre banalité : l’acheteur n’a en main que du vent, aucun ticket. Ou pire, il se retrouve à la porte, le billet en main mais inutilisable, bloqué à l’entrée du concert ou du festival de ses rêves. Une triste aventure, fomentée par des âmes perdues, qui rappelle qu’il ne faut jamais prendre les paillettes pour de l’or…
Comment repérer une annonce frauduleuse ?
Premier signal : le prix. En Belgique, comme en France et dans certains autres pays, il est interdit de revendre un ticket de concert ou de festival à un prix supérieur à celui du billet. Si le vendeur vous propose de racheter le billet plus cher que son prix initial, c’est à tout le moins illégal.
Si vous cherchez un ticket pour un concert soldout, soyez très attentifs aux résultats des moteurs de recherche. Bien souvent, les premiers sites internet référencés sont frauduleux.
« Il faut vérifier si le site est fiable, prévient Etienne Mignolet, donc vérifier s’il y a des mentions légales, un numéro d’entreprise, un point de contact. On peut aussi vérifier sur internet les avis des autres internautes« .
Quand c’est trop beau pour être vrai, souvent c’est faux
Nous avons ainsi été contactés par une fan de Stromae qui avait acheté des places de concerts sur le site best-ticket.com. Un site d’apparence correct, même s’il recèle certaines fautes d’orthographe dans sa version française et propose à la vente des concerts qui ont déjà eu lieu, en 2022.
Suite à l’annulation de la tournée du chanteur belge, le remboursement n’est jamais arrivé et pour cause, notre fan de Stromae s’est sans doute fait avoir. Un petit tour sur le site internet Trustpilot permet de voir que beaucoup d’autres internautes mettent en cause ce site internet dans des cas d’arnaques à la revente de tickets.
S’il est impossible de trouver des places pour un concert mais qu’un site internet inconnu vous en propose beaucoup, restez prudents. Comme le rappelle Etienne Mignolet : « Quand c’est trop beau pour être vrai, souvent c’est faux« .
A la quête du billet d’or, comment éviter les leurres ?
Pour éviter de tomber dans les pièges finesseurs, le chemin le plus sûr reste, bien sûr, de choper votre précieux billet dans les délais et via une source officielle. Oui, dans le monde idéal des achats de billets de concert, on se tourne vers les sites officiels :
- De la salle de concert, le cœur du chaos sonore,
- Du festival, le haut lieu de la démesure festive,
- De l’artiste même, parfois baigné dans une aura d’admiration.
Généralement, des filières d’échange se font jour, permettant de recycler les tickets malheureusement abandonnés si, horreur, les acheteurs initiaux ne peuvent plus s’y rendre. Ticketmaster , ce colosse de la vente, vous offre même la possibilité de revendre les billets pour certains événements. Mais attention, tout comme les bouchers, ils prélèvent leur part – 12% du billet en frais de service. Pour un ticket initial de 75€, le vendeur se voit donc délesté de 9€. Comment ça, malhonnête ?Des festivals tels que Les Ardentes et le Ronquières Festival ont avalé la pilule et ont mis en place un tel système. Et mon petit doigt me dit que ce n’est pas uniquement par bonté d’âme. »Ceux qui souhaitent revendre leurs billets peuvent le proposer sur une plateforme interne qui garantit l’émission d’un nouveau code-barres« , explique Jean-Yves Reumont, le grand communicant de ces deux festivals. » Le code-barres du vendeur est rayé, donc il est inutilisable, il ne peut plus le vendre. Et l’acheteur, lui, reçoit un tout nouveau code-barres bétonné et peut le personnaliser avec son nom et son adresse. » Une belle parade à la fraude et un coup bas au marché noir !
Plateformes de revente légales
Du côté de l’Ancienne Belgique, on a fait le choix de passer par une plateforme spécialisée dans la revente de tickets : Ticketswap.
« On a un deal avec Ticketswap qui permet de suivre en temps réel les tickets revendus sur leur plateforme dans notre système, explique Lara Decrae du département marketing et ticketing de l’AB. Les nouveaux codes-barres générés sont directement enregistrés chez nous, on peut donc tout suivre« .
La plateforme prélève 5% des frais de service sur la vente, et applique 5% de frais de service et 3% de frais de transaction sur l’achat. Au final, l’Ancienne Belgique reçoit 10% des frais de service appliqués par Ticketswap.
Le système mis en place en 2018 a porté ses fruits : « Il a vraiment signé la fin du marché noir, il n’y a presque plus personne qui tente de revendre ses tickets devant l’entrée les soirs de concert« , ajoute Lara Decrae.
Qu’est-ce qu’on fait quand on tombe dans la toile de l’escroc ?
Il n’y a pas de honte à mordre à l’hameçon d’un vendeur véreux. Si jamais ça arrive, prenez un bon bol d’air frais et armez-vous de courage, il est temps de vous balancer dans la bataille ! D’abord, signalez-le à ces p’tits gars du SPF Economie en passant par le point de contact. Ça leur donne le tuyau nécessaire pour fouiller dans l’histoire, recueillir les infos qu’il faut et, avec un peu de chance, faire boucler ces vilains fraudeurs.
Une seconde, vous dites que l’argent a déjà quitté le port ? Jettez votre ligne à l’eau et essayez de bloquer cette transaction en naviguant sur le site macarte.be si vous avez fait un paiement par carte de crédit. Autrement, attrapez vite votre combiné et appelez votre banque aussi vite que possible.
Et n’oubliez jamais ces sages paroles d’Etienne Mignolet du SPF Economie : « Quand l’argent est parti, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin pour le récupérer« .